Un Ami de Plus ? [ Pv Abysses ]

C'était ainsi que la douleur et la mort frappe. Du moins nous supposons la mort parce que après tout qu'en savons-nous? Nous ne savons rien si ce n'est que de longs hurlements retentissent dans la nuit,glaçant le cœur de nous pauvres bêtes,humiliées et apeurées. Nous faisons pitié a nous terrer comme des lapins,laissant les patrouilles de nuits vides,préférant se cacher dans nos tanières.

Pauvre imbéciles! Si notre destin est de nous  voir condamné a mourir sous les griffes de ces hurlements , patrouiller ou non ne changera rien. C'est moche,même beaucoup mais on n'y peut rien. Néanmoins je ne peux pas m'agacer sur les guerriers qui ont peur,parce que moi aussi j'ai la trouille. Mais parfois faut affronter et tant qu'on ne sera pas plus renseignés sur ces hurlements,la seule chose a faire c'est de serrer les dents et d'affronter le présent. Ne pas penser au futur qui engendrera des douleurs futurs,ni au passé qui ravivent d'anciennes douleurs.

Nommé lieutenant depuis peu j'ai davantage pris conscience du poids des responsabilité et du stress que cela incombe. C'est vrai les chats ont peur de partir la nuit et moi j'ai peur de les y envoyer. Et si ils ne revenaient pas? Ce sera ma faute et le lourd poids de la culpabilité sera sur ma conscience. Et ça je ne le supporterais pas vraiment. C'est dur: j'aimerais que cela cesse. J'aimerais qu'on me rende ma famille: mon père parti si soudainement ne laissant derrière lui que ses paroles empreintes de mystères. Ma mère,celle que mon géniteur me décrivait comme étant si douce,celle que je n'ai pas connu et ne connaîtrais jamais. Les morts ne rejoignent même plus nos ancêtres. Et ma sœur,partie elle aussi,en un éclair. Je me souviens encore de ses yeux apeurés lorsqu'elle m'avait dit qu'elle et un guerrier s'était porté volontaire pour la patrouille. Elle m'avait promis de faire attention elle voulait tellement servir son clan. Et au final ni elle ni lui n'est revenus.

C'est ainsi que le monde est fait et on ne le changera pas. Un des chatons que j'ai sauvé est mort peu de temps après son baptême lui aussi par les hurlements,du moins c'est ce que l'on pense. J'ai risqué ma vie et mon œil pour rien au final. Enfin non d'autres ont survécu.mais ce n'est pas ça le plus important. J'ai agi sans vraiment réfléchir et je ne le regrette pas. La convalescence a été rude mais aujourd'hui il ne me reste qu'une griffe au dessus de l’œil droit. En outre j'ai gagné le respect de la plupart du clan malgré mon jeune âge. C'est quelque chose d'inestimable.

Bref après m'être remémoré ma colère contre les hurlements et la peine ,associé a la souffrance , je pense que sortir du camp me ferait du bien. On est en plein jour et de toute façon comme je l'ai dis si ces hurlements doivent me prendre ils me prendront quelque sois mon opinion a ce sujet.

Si il y a bien une chose en ce bas-monde que j'aime autant que mon clan c'est bien la rivière. J'aime la regarder s'écouler lentement,ou parfois rapidement, entraînant dans son sillage plantes et poisson. Notre vie est comme ce cours d'eu : elle défile et une fois arrivé a l'hiver elle s'arrête en gelant. Pour certains,ce qui est plutôt injuste, c'est plus tôt que d'autres.

Néanmoins c'est apaisant de se coucher près de l'eau,ou même de nager un peu lorsqu'il fait chaud comme aujourd'hui. C'est un endroit que presque tous les Riveux aiment. Enfin "presque" : c'est vraiment rare qu'un membre de mon clan n'aime pas cet endroit. Bref je suis venu ici pour me détendre après les deux précédentes journées qui ont été éprouvantes. Ayant fais les deux patrouille de nuit je suis épuisé. Cela me fera du bien d'être près de mon amour non félin.

C'est fou mais en réalité je n'ai jamais de chance. Entre les roseaux me parvint l'odeur caractéristiques du Clan du Tonnerre. Mes poils ébènes se dressent automatiquement sur mon échine. Je ne détestes pas ces chats mais ce ne sont pas mes amis non plus. Par certains aspect ils me paraissent particulièrement frimeurs nous traitant de faibles ou de peureux.

Néanmoins si ce félin,dont l'odeur m'est familières, est resté sur son territoire il ne devrait pas avoir de soucis particulier entre nous. Une conversation s'engagera certainement mais ce sera toujours mieux que l'ambiance sombre qui règne chez moi. Tout est tellement contradictoire dans mon esprit que mes idées et mes opinions s'embrouillent souvent.

Je sors enfin des roseaux et vois la femelle que je m'attendais a découvrir : Feuille d'Automne Lieutenante du Clan du Tonnerre. Nous nous sommes croisées a quelques assemblées après notre nomination. Etant tous les deux jeunes pour ce poste,nous avions des choses a échanger. Mais la aujourd'hui je ne suis pas particulièrement enjoué de la voir. Mais je vais faire un effort. Parce au fond c'est une femelle plutôt gentille et oui assez belle. ne vous inquiétez pas j'ai autre chose a faire que de fricoter avec elle,qualifier quelqu’un de beau ne veut pas dire qu'on éprouve un quelconque sentiment amoureux.

-Salutations Feuille d'Automne. Hormis ces cruelles difficultés tout se passe bien chez le Clan du Tonnerre?

Je pose ma question d'un ton cordial sans arrière pensées. Tous les clans sont en difficultés,mieux vaut laisser mes préjugés de côté. Je ne veux pas que cette rencontre finisse en bataille qui déchirerait encore plus nos deux grandes familles. On est loyal tous les deux,du moins je l'espère, mais je suppose que si elle se trouve près de mon cours d'eau c'est qu'elle doit avoir une attirance pour ma douce rivière. Ce qui est plutôt étrange. Mais gardons ces interrogations pour plus tard et contentons-nous d'écouter poliment la jeune lieutenante. Si je lui ai posé cette question c'est bien parce que la réponse me tient a cœur. Connaissent-ils vraiment les mêmes problèmes que nous?

Je gratte discrètement ma cicatrice qui me dérange,du bout de la patte,et m'assois la queue enroulées entre les pattes mon regard émeraude plongé dans ses prunelles.

La jeune lieutenante adopte un comportement que je qualifierais de gêner,comme si elle ne savais pas quoi me répondre. Ce qu'elle appuie encore plus en haussant les épaules,de manière maladroite,accroissant mon impression de l'avoir embarrassé. Après tout peut être que son clan vit bien. Ou alors est-ce ,la bas,encore pire que chez nous? Est-ce possible? Je ne sais pas vraiment quoi penser.

Feuille d'Automne plonge ses prunelles marrons dans la rivière. Comment ose t-elle s’approprier notre rivière ? Cet endroit apaisant est pour notre clan a nous seuls.D'habitude les autres félins haïssent ce cours d'eau,nageant comme des...euh je n'ai même pas de comparaisons. Bref je trouve ça étrange mais je me garderais bien de lui faire remarquer.

" Tu es content d'être lieutenant, c'est pas trop dure ?"

Avec sa voix malicieuse et presque provocante,elle me pose cette question que je vais m'efforcer de répondre sans révéler trop de choses sur mon clan ni sur nos habitudes.

-Ça fait beaucoup de nouvelles responsabilités. Mais j'aime beaucoup.

Je la regarde un petit moment,me demandant si je pouvais lui poser la question qui me tenait a cœur ou si c'était parfaitement inutile. Je m'allonge  tout près des roseaux,tout près de l'humidité qui m'ai si cher. Et finalement mon interrogation franchit mes lèvres:

-Que fais un membre du Tonnerre près de notre si chère Rivière?

Je l'observe avec un petit sourire, attendant sa réaction et sa réponse. Je me demande vraiment pourquoi elle est venue ici.

"Et toi alors pourquoi es-tu venu ?"

Elle continue de fixer la rivière,évitant ainsi mon regard d'émeraude. répondre a une question par une question génial...J'adore ça franchement. Je soupire bruyamment et balaye l'air avec ma queue,la secouant de gauche a droite dans un signe d'énervement.

- Peut être parce que je suis le Lieutenant du Clan de la Rivière. Et que j'aime cet endroit il m'apaise.Mais un membre de ton clan n'a absolument rien a faire la.

Sérieusement un membre du Tonnerre qui aimerait la rivière? Je ferme les yeux n'écoutant plus que le doux murmure de l'eau qui coule sans jamais s'arrêter,tel le cours d'une vie puis brusquement tout s'achève d'un seul coup alors qu'il reste tant de choses a faire et a accomplir. Les hurlements pourraient être comparé a une cascade,cette dernière coupant en quelque sortes la vie de l'eau.Les hurlements nous font ça. Il coupe notre vie d'un seul coup,c'est comme une chute,bien trop haute pour qu'on se relève indemne.
Peut être trop haute pour qu'on se relève simplement. Triste réalité que l'époque sombre que nous vivons. Et je ne peux même pas m'accorder du repos sans qu'un chat vienne me troubler.

- Ma sœur adorait la rivière. On venait y jouer ensemble quand on était apprentis; Chasser...Ce n'est pas qu'un lieu de détente pour moi.

Je ne sais pas pourquoi j'ai lâché ça mais ce qui est fait,est fait,les paroles flottent a présent dans l'air tandis que je ferme mes prunelles,profitant de l'absence de son pour oublier la présence de la lieutenante.

- Va t'en!

Mon ton est rude et sec comme le sien quelques temps auparavant. sa présence m'est tout a coup insupportable et de puissants cris résonnent dans mon crâne comme une funeste prédiction.

HRP: